L’apnée du sommeil favoriserait l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Dans une nouvelle étude, des scientifiques français ont scanné le cerveau de personnes âgées. Ils ont découvert un lien entre l’apnée du sommeil obstructive chronique et la présence de plaques amyloïdes et d’autres changements biologiques, associés à l’inflammation et à la maladie d’Alzheimer.
Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?
L’apnée du sommeil est un trouble du sommeil dans lequel une personne interrompt involontairement sa respiration pendant son sommeil. La forme la plus courante de ce trouble est appelée apnée obstructive du sommeil. Elle se produit lorsque les voies respiratoires supérieures d’une personne sont obstruées pendant son sommeil.
Si elles ne sont pas traitées, les personnes souffrant d’apnée du sommeil peuvent développer d’autres complications de santé, telles que des maladies cardiaques, de l’hypertension, des accidents vasculaires cérébraux et de la dépression.
Les chercheurs soupçonnent depuis longtemps que les troubles respiratoires du sommeil, tels que l’apnée du sommeil, augmentent le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Cependant, ils n’avaient pas jusqu’ici réussi à mettre en évidence les mécanismes biologiques qui lient ces deux affections.
La maladie d’Alzheimer est l’une des principales causes de démence chez les personnes âgées. Les scientifiques estiment que 43,8 millions de personnes vivent avec la démence dans le monde.
L’association américaine « The Alzheimer’s Association » estime qu’aux États-Unis, en 2014, environ 5 millions de personnes de plus de 65 ans étaient atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de démences apparentées. Ils s’attendent à ce que ce nombre augmente à 14 millions de personnes d’ici 2060.
Une autre étude mandatée par l’Union Européenne, réalisée en 2017, a conclu qu’environ 5 % des personnes vivant en Europe sont atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Une étude basée sur des changements observés dans le cerveau.
Dans le cadre de cette dernière recherche, les scientifiques ont recruté 127 hommes et femmes retraités de plus de 65 ans vivant en France et déjà inscrits à un essai clinique à l’échelle européenne évaluant la santé mentale et le bien-être d’une population vieillissante.
Tous les participants ont répondu à des questionnaires sur leurs fonctions cognitives et la qualité de leur sommeil. Seules les personnes ne présentant aucun symptôme de perte de mémoire pouvaient participer à l’étude. Les chercheurs ont donné à chaque personne un appareil portable à domicile pour enregistrer sa qualité de sommeil et sa respiration pendant son sommeil. En mesurant la fréquence et la durée d’une baisse de la pression nasale du participant, les chercheurs ont pu diviser les participants en deux catégories : ceux qui souffraient de troubles respiratoires du sommeil et ceux qui n’en souffraient pas.
L’équipe d’étude a également testé la mémoire et les fonctions cognitives des participants, y compris les fonctions exécutives.
Tous les participants ont subi des scanners d’imagerie cérébrale, y compris l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positrons (TEP). Un sous-ensemble de 87 personnes a également subi un scanner FDG-PET pour mesurer le métabolisme du glucose dans le cerveau.
Un lien scientifique établi entre la qualité du sommeil et la démence.
L’équipe d’étude a découvert qu’environ 75% des participants souffraient d’apnée du sommeil et qu’il y avait une accumulation marquée de protéine amyloïde dans leur cerveau par rapport aux personnes qui dormaient sans interruption.
Ce type d’accumulation de protéines est caractéristique de la maladie d’Alzheimer lorsque la protéine forme des plaques sur le cerveau.
Ils ont également constaté un volume de matière grise nettement plus important et une activité neuronale accrue dans les régions du cerveau associées à la maladie d’Alzheimer – à savoir le cortex cingulaire postérieur et les zones précuneuses. Ces observations suggèrent une inflammation dans cette région du cerveau.
Lorsqu’ils ont analysé les données, les chercheurs n’ont trouvé aucune différence entre les problèmes de mémoire auto-déclarés ou les sentiments de somnolence entre les deux groupes.
« A une époque où les essais cliniques des traitements de la maladie d’Alzheimer ne sont pas encore couronnés de succès, l’identification des facteurs de risque et des facteurs de protection à cibler intéresse un nombre croissant de chercheurs ».
« Grâce à l’utilisation de multiples méthodes d’imagerie cérébrale, cette étude nous a permis de clarifier les mécanismes expliquant les liens entre la qualité du sommeil, le risque de déclin cognitif et la maladie d’Alzheimer », déclare l’auteur principal, le Dr Géraldine Rauchs de l’Université de Caen, en France.
« Cela ne signifie pas que ces personnes vont nécessairement développer la maladie, mais elles sont plus à risque. Qui plus est, il existe des solutions efficaces pour traiter l’apnée du sommeil. La détection et le traitement des troubles du sommeil, en particulier de l’apnée du sommeil, feront donc partie de l’arsenal permettant de favoriser un vieillissement réussi », explique-t-elle.
Il s’agit de la première étude de ce type à utiliser plusieurs méthodes d’imagerie cérébrale sur un grand groupe de participants issus de la communauté générale.
Les chercheurs ont découvert une association entre l’apnée du sommeil et les marqueurs de la maladie d’Alzheimer, qui pourrait montrer un mécanisme biologique sous-jacent commun.
Cependant, l’étude n’avait pas pour but de montrer la causalité ou si les personnes ayant des marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer développaient des symptômes de démence.
Les chercheurs ont l’intention de poursuivre leurs travaux en cherchant à savoir s’il existe une différence entre les lésions cérébrales chez les hommes et les femmes. Ils prévoient également d’évaluer si le traitement de l’apnée peut faire une différence au niveau des changements cérébraux.
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